MICHEL DEVILLE FLMOGRAPHIE

Le mouton enragé

Michel Deville Le mouton enragé

Nicolas, employé de banque timide, pose un jour la main sur l’épaule d’une jolie fille qui regarde passer les trains. Ce geste spontané séduit la fille, et trouble l’homme. Transgresser et plaire, cela serait possible ? C’est l’avis de son meilleur ami qui se plait, lui, à manipuler Nicolas, à le guider vers la réussite. Quand on est né mouton, timoré, fataliste, comment oser, avoir la rage, gagner ? Et gagner quoi ?

Jean-Louis Trintignant / Romy Schneider / Jane Birkin / Jean-Pierre Cassel / Florinda Bolkan / Georges Wilson / Henri Garcin / Michel Vitold / Mary Marquet / Jean-François Balmer / Dominique Constanza / Estella Blain / Betty Berr / Georges Beller


Réalisation Michel Deville
Adaptation et dialogues Christopher Frank d’après le roman de Roger Blondel, éditions Gallimard
Production Léo L. Fuchs
Lumière Claude Lecomte
Cadre Robert Foucard
Montage Raymonde Guyot
Son André Hervée
Musique Camille Saint-Saëns

Compléments

• ENTRETIENS (35 mn)
Avec Jean-Louis Trintignant, Jane Birkin, Jean-Pierre Cassel, Michel Deville

• LE CINÉMA DE MICHEL VU PAR ROSALINDE (12 mn)

• FILM ANNONCE

Nouveau master numérique Haute Définition • 1h42 • Format du film respecté 1.66 16/9 compatible 4/3 • Son mono 2.0 • Version originale française

© 1974 Artedis
© 2009 Gaumont Vidéo EDV 1504 / Éléfilm EDV 2026


EXTRAITS CRITIQUES

  • Après La femme en bleu, où il était pour la première fois auteur à part entière, Michel Deville innove, avec une comédie en forme de satire sociale. Cette coloration nouvelle est héritée du roman auquel il est resté fidèle, ce qui n’empêche pas qu’il soit magistralement réécrit par Christopher Franck. Fidèle, Michel Deville l’est aussi à lui-même. On retrouve dans les relations entre les personnages la synthèse du préromantisme et du romantisme de Benjamin et Raphaël. Dans la peinture tragi-comique de l’ascension d’un carriériste timide et anodin, téléguidé par une intelligence négative, il y a un écho du Célio des Caprices de Marianne, qu’un Rastignac aurait irrémédiablement déniaisé. Les eaux-fortes de La Comédie humaine se superposent au pastel de Musset.

  • Les arêtes sont vives, les éclairages francs. Au libertinage et à la débauche répond ici un sexisme fort contemporain et Deville traite les rapports inter-sexes avec causticité. Ce qui frappe ici, c’est la situation d’infériorité objective dans laquelle se trouvent les hommes par rapport aux femmes, tant sur le plan de la sensibilité – . leur intelligence de cœur les met d’emblée au-dessus de leurs infantiles et vaniteux partenaires – que sur celui de la puissance, puisque ce sont elles qui ouvrent le chemin du pouvoir. Les aspirants possédants et apprentis démiurges ne font que passer par elles et les détruire. Que le personnage interprété par Florinda Bolkan soit le seul à échapper à cette destruction est révélateur, puisque pour être invulnérable, il a fallu qu’elle séduise comme un homme. Roberte, incarnée par Romy Schneider lui est exactement symétrique, toute de disponibilité et de féminité assumée.

  • Le dénouement « heureux », après la cascade de catastrophes qui entraîneront le suicide de Fabre, est traité en un plan, dans un climat d’onirisme improbable, où les personnages sont vêtus de blanc, comme souvent chez Deville, chaque fois que ses créatures rejoignent dans l’imaginaire l’idéal poursuivi pendant le film, lequel raconte les péripéties de cette poursuite.

  • C’est à Vicente Minnelli, un autre grand peintre de la femme au cinéma, que fait songer l’importance dévolue au décor dans Le Mouton enragé. Le film peut se lire comme la conquête et l’assimilation par le héros, lui-même non défini et sans aucun lieu qui lui appartienne, des lieux de vie des autres, racontant la puissance sociale de leurs propriétaires. Pour lui, comme pour Fabre, son double et cerveau de l’entreprise, tout s’organise à partir d’un non-décor, l’arrière-salle d’un café, lieu non-individualisé, rêve de personne, mais où fermentent tous les rêves anonymes.

  • Avec Le Mouton enragé, Michel Deville ne signe peut-être pas son film le plus original. Le récit en est beaucoup plus traditionnel que n’était celui de La femme en bleu, téméraire et parfois maladroit. Mais il signe son œuvre la plus bouffonne, et la plus acide, sans doute aussi la plus pessimiste.

POSITIF - Michel Sineux