Bye bye, Barbara
Un bar. Il est minuit. Jérôme Tomas, journaliste sportif, jeune, un peu cynique, un peu tendre, prend un dernier verre. Tout à coup, une chanson, triste, « Bye-Bye Barbara ». La porte s’ouvre. Apparaît, en chemise de nuit, pieds nus, une fourrure jetée sur les épaules, une jeune femme essoufflée, effrayée, troublante… Paula. À peine apparue, Paula disparaît. Jérôme, nouveau Rouletabille, se lance à sa recherche. Il va entrer dans un monde qui lui est étranger, noir, violent, menteur séduisant. Destructeur.
France / 1969 / 100 mnAvec Ewa Swann, Philippe Avron, Bruno Cremer, Alexandra Stewart, Michel Duchaussoy, Jacques Destoop, Anny Duperey, Yves Brainville, Jean Eskenazi, Gérard Desarthe, Anne Talbot, Daniel Sarky, Jean-Pierre Sentier, Yan Brian, Pascal Aubier.
Réalisation Michel Deville
Scénario et adaptation Nina Companeez et Michel Deville
Dialogue Nina Companeez
Lumière Claude Lecomte
Cadre Robert Foucard
Montage Nina Companeez
Décor Claude Pignot
Costumes Rita Bayance
Son André Hervée
Musique Verdi – La Force du destin
Chanson Nina Companeez / Arrangements musicaux Christian Gaubert et Jean-Jacques Debout
EXTRAITS CRITIQUES
Après Benjamin, dont l’achèvement marquait un aboutissement, Michel Deville et Nina Companeez bifurquent et coulant leurs thèmes libertins dans un creuset moderne, portent à fusion ce film surprenant, œuvre de feu et de glace où l’insolence et l’érotisme le disputent à la violence et à la sophistication. L’originalité ici, c’est la douche écossaise, le contraste entre les couleurs chaudes du journalisme et du rugby, et le froid décor en noir et blanc. Parmi des photos démesurément agrandies qui pèsent leur pds de maléfices, se glissent d’oniriques, de voluptueuses créatures (Ewa Swann, Alexandra Stewart), lianes qu’on dirait soties avec leurs visages d’anges premingérien, de l’univers frelaté d’un Chandler français.
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Le charme opère, le marivaudage devient donjuanisme et Bye bye Barbara, sorte de thriller romantique qui fait parfois penser à Laura, entraîne à toute allure et en tous lieux des personnages qui existent à peine, en bons ectoplasmes qu’ils sont. L’homme qui en savait trop se demande À quoi rêvent les jeunes filles. Mais elles ne rêvent pas, elles agissent. L’amour se change en destruction, sans que la menace de tout gâcher freine ces destructeurs.
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Fidèle à un anti conformisme qui lui a réussi, Deville a changé le classique détective privé en un gavroche séraphique, le chef de bande mégalomane en amoureux tourmenté. L’erreur est d’avoir confié le grand rôle à un Avron sans relief. Peut-être est-ce aussi le lot des films qui systématisent l’énigmatique qu’à force de renvoyer l’explication aux calendes, lorsqu’elle nous est livrée, elle déçoit un peu. Heureusement que la fin donne à Paula une autre dimension, l’idée qu’on s’en fait n’êtant jamais la bonne. J’ai toujours eu, je l’avoue un faible pour Deville. Seuls ceux qui n’aiment pas se laisser prendre aux sortilèges d’un récit plus rêvé que vécu me jetteront la pierre.