Lucky Jo
Jo (Eddie Constantine) grand cœur et mauvais garçon est le meilleur des hommes : fidèle en amitié, heureux au jeu comme en amour. Il a une chance incroyable qu’il serait prêt à partager. Mais hélas, la chance, ça ne se partage pas. Ça ne se commande pas non plus…
Eddie Constantine / Françoise Arnoul / Pierre Brasseur / Claude Brasseur / Georges Wilson / Christiane MinazzoliRéalisation Michel Deville
Adaptation Nina Companeez et Michel Deville, d'après le roman "Main pleine" de Pierre-Vial Lesou (collection Série noire des Éditions Gallimard)
Dialogues Nina Companeez
Lumière Claude Lecomte
Cadre Gilbert Chain
Montage Nina Companeez
Décor Gilbert Margerie
Son Raymond Gauguier
Musique Georges Delerue
Compléments
• CINÉMA 8 mm
• TRIO (7 mn)
• HAPPY APRÈS (4 mn)
• L’HOMME QUI AVAIT … (5 mn)
• TIME IS MONEY (3 mn)
par Michel Deville
• Précédés d'un entretien avec le critique N.T. Binh
• CLAUDE BRASSEUR
: SOUVENIRS, SOUVENIRS
Entretien réalisé en 2007 pour ce DVD (7 mn)
• FILM ANNONCE
Nouveau master numérique Haute Définition • 1h27 • Noir et blanc • Format du film respecté 1.66 16/9 compatible 4/3 • Son mono 2.0 • Version originale française
© 1964 Les productions Jacques Roitfeld - Éléfilm • Photos Jamy Blanc © Les productions Jacques Roitfeld - Éléfilm
© 2008 Éléfilm EDV 2026 / www.elefilm.com
EXTRAITS CRITIQUES
- Michel Deville vient de faire un film délicat, très tendre et un peu triste. Le miracle, c’est qu’il s’agit d’un film de gangsters et qu’il a Eddie Constantine pour vedette.
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Je crains que l’on attende Michel Deville au tournant. Il ne répond pas exactement à l’image qu’on se faisait de lui. Le charmeur désinvolte. La légèreté sautillante. La grâce papillonnante.
Lucky Jo est un film sur l’amitié et qui fait souvent songer à Melville, ce qui est un compliment. Mais un Melville plus doux, plus vulnérable, plus profondément amical.
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Certaines séquences, celles où l’on voit, par exemple, Eddie Constantine et Françoise Arnoul renouer un vieil amour, comme s’il datait de hier, sont d’une pureté et d’une pudeur, d’une sentimentalité qui vont droit au cœur, à condition d’avoir un peu de cœur.
Michel Deville en a beaucoup et sans qu’il soit hypertrophié, c’est-à-dire qu’il ne confond pas sensibilité et sensiblerie. Il sait nous émouvoir au-delà de tous les attendrissements faciles. Une pirouette et tout se remet en place. Cette pirouette n’est jamais gratuite. -
Avec un sujet grave et où l’on pouvait jouer sur le cynisme et l’amertume, il fait un film sans aucune méchanceté. Jusqu’aux flics, tous les personnages ont une sorte de chaleur. Et même lorsque les gestes sont cruels, et même lorsque l’indifférence commande, et même lorsqu’on trahit et qu’on tue.
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Lucky Jo sort de prison et part à la recherche de ses amis, part à la recherche de son passé. Lucky Jo n’a pas de chance. Ses mais le fuient. Le voilà seul et il va rester au centre de cette solitude. Il pourrait s’aigrir, il ne s’aigrit pas, il ne s’aigrira jamais. On sait qu’il tendra toujours une main généreuse. Qu’on la refuse importe peu. Que l’ingratitude suive importe moins encore. C’est sa nature. Lucky Jo est une âme sensible.
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Que reste-t-il aux âmes sensibles ? La solitude. Un chien, peut être. Michel Deville le dit avec infiniment de tact, sans grandiloquence, sans hargne, sans provocation. Seulement avec une pointe de tristesse. Beaucoup de gentillesse. Et un brin de regret.
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Les hommes sont choses fragiles. Et plus ils sont fragiles et plus la fatalité pèse. Ce n’était pas si facile à dire simplement. Michel Deville a réussi son tour de force. Avec le plus merveilleux naturel : le naturel de la vie.
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Jusqu’aux silhouettes, tout est sincère. Eddie Constantine cesse d’être une machine à distribuer les coups. C’est un acteur. C’est un homme. C’est plus encore. C’est Don Quichotte qui aurait perdu Sancho Pança.
ARTS – Pierre Marcabru
- Au XIXème siècle, Jo se serait appelé Antony ou Hernani. Dans le cinéma français d’aujourd’hui, c’est un personnage qui ressemble à la fois au Gabin de Quai des brumes et au Belmondo de A Bout de souffle mais qui n’est jamais tragique. Simplement, quoi qu’il fasse, il ne peut pas être heureux, il est condamné à rester seul. C’est tout seul qu’il s’en va, à la fin, après que la mort du dernier survivant de la bande, Simon, ait été évitée de justesse.
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Jean-Luc Godard, dans un sketch des Sept péchés capitaux et Claude de Givray dans Une Grosse tête, avaient déjà tiré un excellent parti de la décontraction d’Eddie Constantine, de son « style américain ». Michel Deville a poursuivi dans cette voie. De plus, il a fait apparaître chez Eddie Constantine une sensibilité et une gravité qu’on ne lui connaissait pas.
Michel Deville est un remarquable directeur d’acteurs et un auteur dont la finesse n’a d’égale que l’intelligence. Tenu d’introduire dans son film les fameuses bagarres que tout le monde attend, il a donné à ces morceaux de bravoure une valeur psychologique. Elles correspondent toutes à des états d’âme de Jo.
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L’élégance de l’écriture et la subtilité du ton donnent à ce film d’action une résonance poétique assez rare. Michel Deville est, décidément, l’un des jeunes auteurs les plus doués du cinéma français.