MICHEL DEVILLE FLMOGRAPHIE

Raphaël ou le débauché

Michel Deville Raphaël ou le débauché

Aurore est une jeune veuve qui vit à la campagne une vie simple et heureuse. Elle est belle, généreuse, intelligente et séduisante, elle a des adorateurs, mais ne prend ni l’amour ni les hommes au sérieux. Raphaël est un dandy cynique et désabusé. Aurore, fille du soleil, qui ne connaît que la vertu, et Raphaël, ombre de la nuit, qui ne connaît que la débauche, vont s’aimer désespérément.

Maurice Ronet / Françoise Fabian / Jean Vilar /Brigitte Fossey / Isabelle de Funès /Anne Wiazemsky / Jean-François Poron /Yves Lefebvre / André Oumansky/ Hélène Arié / Jean-Pierre Bernard / Maxime-Fabert / Georges Claisse /Maurice Barrier


Réalisation Michel Deville
Scénario et dialogues Nina Companeez
Production Mag Bodard
Lumière Claude Lecomte
Cadre Robert Foucard
Montage Nina Companeez
Décors Claude Pignot
Costumes Gitt Magrini
Son André Hervée
Musique Vincenzo Bellini

Sélection officielle Festival de Cannes (1971)

Compléments

• RAPHÄEL / RONET
Entretiens avec Françoise Fabian, Maurice Ronet (INA), Nina Companeez et Michel Deville (32 mn)

• FAIRE UN FILM
Filmer des maisons (5 mn)
Filmer des fenêtres sur cours, rues et jardins ( 11 mn 30)
par Michel Deville

• FILM ANNONCE

Nouveau master numérique Haute Définition • 1h44 • Format du film respecté 1.66 16/9 compatible 4/3 • Son mono 2.0 • Version originale française

© 1971 Ciné Mag Bodard – Columbia Tristar Films
© 2008 Gaumont Vidéo EDV 1504 / Éléfilm EDV 2026

EXTRAITS CRITIQUES

  • Le cinéma sied aux auteurs à deux têtes. Autrefois, on fêtait l’équipe Carné-Prévert. Michel Deville et sa complice, la scénariste et dialoguiste Nina Companeez, forment à présent le tandem n°1 du cinéma français. Leur Benjamin ou les Mémoires d’un puceau avait ravi. Encore meilleur que Benjamin, Raphaël nous comble.

  • Raphaël, c’est Benjamin vingt ans après. À cette différence que Deville et Nina Companeez quittent le XVIIIe pour le XIXe et la comédie pour le drame. Souvent ivre, couvert de femmes mais un peu las de toutes ces orgies, Raphaël bâille sa vie en province. Aurore, jeune veuve, pieuse et sereine, se partage entre trois cousines et ses oeuvres de charité. Tout sépare Aurore de Raphaël, un bal les rapproche. Une passion les jette l’un contre l’autre.

  • Du portrait d’un débauché à qui le plaisir laisse un goût de cendre, on passe à une eau-forte : la corruption de la vertu. Aurore veut conquérir Raphaël et le sauver de la débauche. Raphaël veut préserver la pureté d’Aurore. Elle se prostitue et le rejoint dans les bas-fonds. Mais — pour employer le vocabulaire de l’époque — le noceur n’est sauvé ni par Aurore innocente, ni par Aurore dégradée. Il se tue. Aurore, morte vivante, épouse un vieil homme qu’elle déteste. Ainsi se termine un opéra d’une élégance et d’une beauté constantes.

  • On dira : « C’est du mélo ! ». Et quand cela serait, s’il retrouve ses lettres de noblesse ? Une époque revit sous nos yeux. Des lupanars, du vin qui coule, des courtisanes, mais aussi des cousines qui courent, en cape sur leur chemise, voir le soleil se lever sur le lac, des bals qui se passent en chuchotis et des messes en fous rires, des cavalcades à la brune, des mouchoirs de baptiste mordillés de dépit, le sang qui bat aux tempes, les soirs d’été, dans des senteurs de chèvrefeuille. Tout cela, baigné par la pureté lyrique de la musique de Bellini, fouetté par l’inspiration romantique, bouscule le mélodrame. Au Jeu de l’amour et du hasard de Benjamin, s’ajoute la gravité de la passion et de la mort.

  • Dans un rôle à la Gérard Philipe, Maurice Ronet campe avec sûreté un débauché qui manque un peu d’extravagance. Françoise Fabian a fait d’Aurore une admirable figure romanesque, troublante par sa fragilité, par sa fougue contenue, par le combat qu’elle livre contre elle-même. Elle offre de la passion une image à damner les anges.

L’Express – Gilles Jacob